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Des Illusions ou l'invention de l'art. Un livre d'Alain Farfall
Hubert Renard

Rennes, Éditions Incertain Sens, 2008.
64 pages, dos carré cousu collé, offset noir & blanc et une couleur, 17 x 11 cm.
Dépôt légal juin 2008, 1000 exemplaires, ISBN 2-914291-30-2, 10€.

 

Image couverture

 

Des Illusions, ou l'invention de l'art, un livre d'Alain Farfall, est un ouvrage écrit en 2000 dans lequel le célèbre critique d'art nous offre des pensées libres et profondes, souvent drôles, parfois mordantes, observant que l'effondrement de ses grandes certitudes des années 80 a laissé place à l'intuition selon laquelle le travail de l'art doit se faire, encore, ailleurs, « au risque d'abandonner l'art là où il se trouve. »

L'impression de désorganisation, de fourmillement, d'éclatement que donne la lecture de ce livre est à mettre sur le compte de son protocole même : l'auteur se propose de fabriquer de toutes pièces et rétrospectivement un carnet de notes, à partir des mots qu'il a semés dans ses archives sur des bouts de papiers, sur des post-it, sur des photocopies d'articles divers, en profitant de l'occasion pour annoter, après coup, les pensées qu'il retrouve.

Une description « archéologique » permettant de resituer où la note a été retrouvée, et éventuellement quand elle a été écrite, si l'auteur s'en souvient, apparaît en italique, avant la note elle-même, et nous donne son contexte, parfois anecdotique. Les notes, en caractère gras, sont numérotées (on en compte 38), et retranscrites avec les incorrections graphiques d'origine (ponctuation anarchique, incertitude sur certains mots mal écrits ou raturés, etc.) Les annotations suivent immédiatement chaque note. Elles permettent à Farfall de les actualiser, de les compléter, de les reformuler, voire de les contredire, parfois aussi de s'en amuser. On a ainsi, en trois strates distinctes, le contexte, la pensée, son commentaire. Un système de renvois propose de parcourir le carnet par d'autres chemins que la lecture linéaire page après page, marquant bien le caractère d'index de l'ouvrage.

Nous sommes ainsi invités non pas à parcourir le livre dans l'organisation qu'il adopte, mais à nous emparer du texte pour y piocher, pour penser avec l'auteur.

Il faut aussi souligner l'importance de la mise en page, réalisée par Hubert Renard. Le texte est imprimé dans un livre qui reproduit sur chaque page l'image d'un petit carnet. La couverture est noire, les pages grisées, aux angles arrondis. Le tout ressemble donc à un reprint, à une reproduction du fameux carnet de note que Farfall n'a jamais tenu. C'est une image. D'ailleurs, un post-it jaune collé en page 39, en réalité imprimé page 39, dépasse un peu en haut du carnet. Sur cette page 39, on ne peut pas lire le texte, car il faudrait pour cela que nous soyons face à un véritable post-it, qui a la particularité de pouvoir se décoller et se recoller à volonté. Farfall met ainsi tout son travail en déséquilibre, souligne le caractère factice, relevé dans son introduction, de son entreprise de reconstitution du carnet de notes. À nous lecteur de décider s'il s'agit d'un livre de Farfall ou de l'image du carnet de note qu'il aurait voulu tenir. À nous de décider s'il s'agit d'un vrai livre ou de sa reproduction. Mais la reproduction d'un livre fait-elle de celui-ci un faux livre ? Sur le post-it, il est écrit, de la main de l'auteur : « Ne pas oublier que c'est souvent plus compliqué que ça ! »