CATALOGUES
Livres d'artistes
Collection grise
Collection
Varia
CABINET DU LIVRE D'ARTISTE
Historique
Bibliothèque
Programmation
Journal Sans niveau ni mètre
Informations pratiques
ASSOCIATION
Présentation
Adhésion
Commande
Contact
Mentions légales
AGENDA
À PARAÎTRE
Saâdane Afif "Fontaines, éditions, disques & multiples" À l’occasion des 100 ans de Fountain, œuvre emblématique de Marcel Duchamp, le CLA est très heureux d’inviter Saâdane Afif autour de son vaste projet de collecte, initié en 2008, consistant à prélever les reproductions imprimées de l’urinoir traquées dans diverses publications (catalogues, revues, monographies, etc.). La collection engagée, comptant à ce jour plus de 900 pages arrachées de leur ouvrage d’origine puis encadrées sous verre, vise l’objectif de 1001 entrées, à travers chacune desquelles se posent les questions de reproduction, d’authenticité et de diffusion. Face à certaines pièces fondatrices de l’archive — pages arrachées et/ou livres retranchés —, Saâdane Afif viendra confronter d’autres projets — publications, disques ou multiples — faisant écho à la Fontaine et provenant de sa propre collection. Ci-dessus :
Dans ce cadre :
Cependant, Fountain est elle-même le produit d'un geste appropriationniste, celui que réalise l'artiste en déplaçant un objet du quotidien de sa sphère usuelle, triviale, d'origine vers des modalités qui sont celles de l'objet d'art : cette stratégie caractéristique des ready-made devient, par la publicité faite autour du conflit que produisit Fountain dans le cadre bien particulier de son apparition et des enjeux que cela posait pour le développement du modernisme aux États-Unis, l'acte fondateur de l'autonomie du statut de l'artiste contemporain et de son rôle social. Il suffit de rappeler l'abondance d'articles entourant la controverse en avril 1917 pour en comprendre l'importance aux yeux des contemporains : après tout, l'actualité médiatique devait être bien creuse pour que les journaux se préoccupent d'un « article de salle de bain » alors que le congrès déclarait la guerre aux Empires Centraux ! Mais les appropriations vont au-delà de l'épisode héroïque de 1917 et sonnent comme des reformulations des procédures appropriationnistes à chaque étape du développement de l'art contemporain : d'abord par les différentes répliques qu'en réalisa Duchamp lui-même, mais également par les échos de Nauman, Koons, Gober ou Bidlo, les attaques de Pinoncelli, ou les bronzes polis de Levine, sans négliger le dialogue qu'entretiennent des artistes tels que Broodthaers, Buren ou Cage avec Fountain. De ce point de vue, l'œuvre de Sâadane Afif constitue le parachèvement, voire la clôture, de ce processus en révélant l'ampleur du consensus narratif et de l'emprise de Fountain sur la doxa artistique. Enfin Fountain est suspectée par Irene Gammel et Amelia Jones d'être une appropriation d'une œuvre de Elsa Freitag von Loringhoven par Duchamp ce qui bouclerait la boucle de ce siècle d'appropriation par un geste encore plus violent qu'envisagé initialement puisque ce ne serait pas avant la mort de Loringhoven en 1927 que Duchamp aurait revendiqué la paternité de Fountain posant ainsi la règle de l'appropriationnisme : c'est au dernier qui s'en réclame qu'appartient finalement l'objet, sinon en droit, du moins en fait, rappelant ainsi combien la modernité s'est aussi construite sur l'accaparement économique, la conquête coloniale, l'appropriation culturelle, la ségrégation raciale et la domination sexiste. Par-delà l'ouverture des catégories artistiques incarnée par Fountain se trouve peut-être une contre-histoire de la contemporanéité qui rappelle que toute appropriation est aussi une expropriation. PROGRAMME :
. Télécharger le carton d'invitation de l'exposition . Galerie de photos "Saâdane Afif : Fontaines, éditions, disques & multiples" . Télécharger le Journal du Cabinet du livre d'artiste n°43 au format PDF |
|