CATALOGUES
Livres d'artistes
Collection grise
Collection
Varia
CABINET DU LIVRE D'ARTISTE
Historique
Bibliothèque
Programmation
Journal Sans niveau ni mètre
Informations pratiques
ASSOCIATION
Présentation
Adhésion
Commande
Contact
Mentions légales
AGENDA
À PARAÎTRE
"ONE PIECE AT A TIME : LES ARTS TACTIQUES AU TRAVAIL"
EXPOSITION 20 septembre . 20 décembre 2018
COMMISSARIAT Jil Daniel, Jan Middelbos, Aurélie Noury
JOURNÉE D'ÉTUDES Jeudi 20 septembre 10h - 17h30, bât. Érève, salle R101.
VERNISSAGE Jeudi 20 septembre . 18 h
SOIRÉE DE PROJECTION Jeudi 8 novembre. 17h30, bât. Érève, salle R101.
FINISSAGE Jeudi 20 décembre . 15h / 18h30
« One Piece at a Time » présente un inventaire (provisoire, non-exhaustif et subjectif) de propositions et documents résultant de conduites tactiques et d’attitudes de résistance menées à partir du poste de travail. L’exposition prend la forme d’une bourse du travail parallèle mettant en partage des savoirs (autour d’ateliers, de conférences, de projections et de présentations de documents) ; des moyens de production (perruques, détournements, retournements…) ; des réalisations (dons, échanges).
Plusieurs intérêts sont à l’origine de cette proposition :
- Opter pour un regard distancié et critique sur nos cadres et conditions de travail.
- Adopter les contraintes imposées par ces conditions de travail pour tenter de les retourner au profit d’actions ou de productions parallèles.
- Engager des processus de résistances à partir d’un quotidien vécu au travail.
- Produire des « enquêtes » en tentant de rendre compte – à l’extérieur – d’un point de vue de l’intérieur, et à partir des moyens – ou données – accessibles depuis nos postes de travail.
- Générer de la discussion autour des conditions de travail actuelles et de résistances possibles aujourd’hui.
« One Piece at a Time » est aussi l’occasion de vérifier l’actualité de ces pratiques et d’en éprouver les limites, que ce soit dans le domaine de l’art ou au-delà. Enfin, cette exposition offre l’opportunité de s’introduire dans les entreprises, et cela par le biais des acteurs de ces mondes: les salariés. Il s’agit de rendre visible ce qui est habituellement caché derrière les portes closes des univers privés de la production et d’assumer collectivement et publiquement le caractère politique que peuvent revêtir ces formes de réappropriation/redistribution directe des savoir-faire, des moyens de production et du temps travail, pratiques habituellement individuelles et (semi-)clandestines. S’ouvre ainsi la possibilité de générer du « faire avec » en résistance, et de produire des « micro-utopies » travaillées à partir du réel.
+ JOURNAUX DU CABINET DU LIVRE D'ARTISTE N°46 et N°47
+ JOURNÉE D'ÉTUDES : "Les arts tactiques au travail"
20 septembre 2018 / Salle R101 (bâtiment R : ÉRÈVE)
Université Rennes 2 / Place du recteur Henri Le Moal
Organisation : Jan Middelbos, Équipe d’accueil Pratiques et Théories de l’Art Contemporain EA7472
Le poste occupé par les salariés dans l’entreprise peut être retourné de multiples façons au profit d’une production parallèle. Les travailleurs peuvent ainsi chaparder, perruquer (1), jouer, saboter, enquêter, documenter (photo, vidéos, audio ou écrit,…), y mener différents types de grèves (perlées, zélées ou d’occupations,…) et, par leurs actions, se jouer des innombrables contraintes propres à l’entreprise. Si chacune de ces pratiques sont spécifiques – et il ne s’agit pas ici de leur ôter leurs particularités –, il semble qu’elles puissent avoir en commun d’appartenir à ce qu’on pourrait appeler des arts tactiques. Des arts tactiques, au sens où Michel de Certeau disait de la tactique qu’elle « n’a pour lieu que celui de l’autre » puisque, contrairement à la stratégie, elle doit « jouer avec le terrain qui lui est imposé tel que l’organise la loi d’une force étrangère » (2). Dans la continuité de l’investigation menée par Michel de Certeau – qui se proposait d’ « exhumer les formes subreptices que prend la créativité dispersée, tactique et bricoleuse des groupes ou des individus pris désormais dans les filets de la "surveillance (3)" » –, l’ambition de cette journée d’études sera d’offrir un espace de réflexion et d’échange autour de ces arts (ou manières) de faire qui ont cours sur nos lieux et pendant notre temps de travail. Ces rencontres seront alors l’occasion d’interroger les méthodes artistiques au regard d’autres façons de rendre compte – ou d’agir sur – les mondes du travail et d’entamer ainsi une discussion avec des acteurs qui, à partir de points de vue divers (de l’enquête ethnographique, aux récits d’expériences ouvrières…), proposent à leur tour d’autres « versions » de ces mondes et de leurs retournements possibles. Se confronter de cette façon à ces arts rusés au travail nous amènera alors à prendre en considération un certain nombre d’enjeux communs à la fois aux mondes de l’art et à ceux du travail : condition de production et rémunération, place de l'artiste et du salarié dans la division sociale du travail, résistance et subordination, aliénation et épanouissement individuel et collectif, créativité, ingéniosité et retournement des contraintes, rareté et unicité des objets fabriqués en dehors de la production réglementaire et captation possible par les marchés, etc.
Nous chercherons alors à déployer un éventail de propositions suffisamment large – entre l’action discrétionnaire et celle, plus manifeste, entre l’action fictionnelle et celle, plus en prise avec le réel, entre l’action qui se réclame de l’art et celle qui ne s’en réclame pas, et entre l’action critique et celle récupérée – nous permettant de comprendre différentes tactiques activables à partir de la position de salarié et, dans un même temps, en espérant que ces formes exhumées de créativité et d’inventivité nous incitent, nous donnent envie de faire à notre tour.
1. Le travail en perruque consiste dans un contexte salarial (sur le lieu et pendant le temps de travail) en la réappropriation individuelle ou collective des moyens de production disponibles (matériaux et outils de production) afin de fabriquer ou transformer un objet en dehors de la production réglementaire de l’entreprise.
2. Michel de Certeau, L’Invention du quotidien tome 1 : arts de faire, Paris, Gallimard, 1990, p. 60-61.
3. Ibid., p. XL. Nous soulignons.
PROGRAMME DE LA JOURNÉE D'ÉTUDES
10h00 > Accueil des participants
10h15 > Introduction de la journée par Jan Middelbos
10h30 > Sophie Lapalu : Peut-on faire des œuvres qui ne soient pas d’art?
11h15 > Robert Kosmann : La perruque ouvrière, définition et débats
12h15 > Repas
14h00 > Olivier Lapert : Je vis du vol et…
14h45 > Véronique Moulinié : Faire et se créer : manipulation de savoirs technologiques et mise en scène de soi.
15h30 > Laurent Marissal : Parler c’est déjà peindre #47
16h00 > Pause
16h15 > Johanna Viprey (par vidéo conférence) : De l’artiste en chauffeur de taxi à l’artiste en commissaire
16h45 > Table ronde des participants et échanges avec le public
17h30 > fin de la journée d’études
18h00 > participants et public sont conviés au vernissage de l’exposition « One Piece at a Time: Les arts tactiques au travail » au Cabinet du livre d’artiste.
Robert Kosmann (né en 1948) entre chez Renault en 1973 où il est fraiseur et syndicaliste CGT. Licencié en 1991 après la fermeture de l’usine de Saint-Ouen, il entre alors dans une période de chômage et de précarité, où il s’inscrit à l’université Paris 8. Il est ensuite salarié de l’administration des impôts et syndiqué à l’Union syndicale Solidaires. Perruqueur confirmé pendant son temps passé à l’usine, il publie plusieurs articles dans la presse syndicale à ce sujet. Retraité en 2011, il se consacre à la réalisation de biographies ouvrières pour le dictionnaire Maitron et prépare un ouvrage sur la perruque Sorti d’usines (à paraître chez Syllepse, nov. 2018) qui reprend et élargit ses anciens travaux.
Sophie Lapalu est critique d’art, commissaire d’exposition, docteure en esthétique et science de l’art, elle enseigne à l’École supérieure d’art de Clermont Métropole. Elle est également membre du comité de rédaction de La Belle Revue, matelot du Laboratoire des Hypothèses, correspondante pour *DUUU radio ; elle écrit régulièrement dans des catalogues et a publié plusieurs ouvrages (CUL DE SAC, Astérides, 2014, Rien n’est vrai, tout est permis, Piano Nobile, 2014, De l’action à la conversation, Frac Franche Comté / Les Presses du Réel, 2014). Ses recherches sur l’action furtive l’ont menée à expérimenter les formats au travers d’invitations, d’expositions contées ou de festivals de l’inattention (Glassbox, 2016, L’œil de poisson, Québec, 2018, Clermont Ferrand, 2018).
Olivier Lapert, Je vis du vol, ma patience est parfois récompensée, et ce que je ramasse est plus intense que ce que j’en fais, en bon suiveur de Filliou et d’autres, quoique je fasse j’essaie d’en faire autre chose. J’aime ce qui n'a pas l’air d’être ce que c’est, les pommes de terres et les oiseaux.
Laurent Marissal, peintre au bleu (entre autres).
Véronique Moulinié est anthropologue et directrice de recherche au CNRS (IIAC- équipe LAHIC). Elle travaille, entre autres, sur la culture ouvrière, le bricolage et les environnements singuliers. En somme, sur les réalisations de ceux qu’elle a qualifiés d’« oeuvriers ». Elle a publié plusieurs articles sur ces divers sujets.
Johanna Viprey (née en 1979 à Besançon, vit à Genève) a réalisé un Master en Arts visuels à la Head de Genève. Elle poursuit une recherche sur les modes de restitution de l’expérience et les questions de subjectivité liées à la traduction et à la médiation de celle-ci, et ce, à travers des formes et des références interdisciplinaires.
+ SOIRÉE DE PROJECTIONS : "Les arts tactiques au travail"
8 novembre 2018 / Salle R101 (bâtiment R : ÉRÈVE)
Université Rennes 2 / Place du recteur Henri Le Moal
À partir de 17h30
Entrée gratuite dans la limite des places disponibles.
En lien avec l’exposition « One Piece At a Time : les arts tactiques au travail » le Cabinet du livre d’artiste et le laboratoire Pratiques et théorie de l’art contemporain organisent une soirée de projections le jeudi 8 novembre. L’objectif de cette soirée est de poursuivre notre réflexion sur les liens entre activités déviantes au travail et pratiques de création. Nous pourrons entendre, à cette occasion, Johanna Viprey, artiste invitée pour le n°46 de Sans niveau ni mètre. Nous nous attarderons également sur plusieurs pratiques d’images en mouvement d'Émeline Galhac et Aurélie Lefaurestier. Nous croiserons aussi le travail de James, poète et vélo-taxi parisien. Enfin, nous nous pencherons sur le collectif Au travail/At Work. Ce sera ainsi l’occasion de continuer à confronter différentes pratiques de création en lien, en opposition ou dans le cadre du salariat.
+ FINISSAGE : "Les arts tactiques au travail"
20 décembre 2018 / Cabinet du livre d'artiste
Université Rennes 2 / Place du recteur Henri Le Moal
À partir de 15h :
- Visite guidée du nouvel accrochage
- Présentation de la revue La Perruque par Olivier Bertrand + lancement du dernier numéro
- Présentation de la maison d’édition Surfaces Utiles par Olivier Bertrand et Pierre Martel + lancement de la dernière publication Musée Beaux Arts.
Le Cabinet du livre d’artiste est heureux de conclure l’événement « One Piece at a Time : les arts tactiques au travail » par un finissage de l’exposition se déroulant sur un après-midi en présence des commissaires. Dès 15h, Jil Daniel et Jan Middelbos présenteront un nouvel accrochage de l’exposition, réunissant notamment l’ensemble des numéros de la revue La Perruque, parus depuis 2016. Puis, à partir de 16h30, Olivier Bertrand exposera plus précisément le projet économique de sa revue, dont le dernier numéro, coédité avec Sans niveau ni mètre, met à l’honneur le caractère typographique utilisé dans le journal : l’étrange Covington bricolé par Derek Vogelpohl. Enfin, il étendra la réflexion engagée aux tactiques de production de la maison d’édition Surfaces Utiles, en présence de Pierre Martel, auteur de leur dernière publication : Musée Beaux Arts.
La Perruque est une revue de 1 × 90 cm qui édite et diffuse des spécimens typographiques. Cet étrange format glané chez les imprimeurs définit le modèle économique de sa publication. Avec la volonté de limiter et de valoriser les chutes, La Perruque passe des «?deals?» avec des imprimeurs qui lui permettent d’exploiter les espaces vacants en marge de leurs impressions courantes. Ces espaces vierges sont ensuite proposés à une communauté de typographes qui s’en saisissent et les requalifient pour dresser le portrait d'une certaine communauté typographique contemporaine.
À la poursuite des expérimentations économico-éditoriales de La Perruque, Surfaces Utiles déploie une pratique basée sur un ensemble de tactiques d’appropriations et de détournements de ce que la voie normative de production laisse de côté. En passant des marchés avec les industriels, la maison d'édition tire parti de leurs rebuts pour concevoir les livres qu’elle publie. C’est une forme de pratique artisanale qui s’éprouve au contact de l’industrie et qui s’exprime avant tout dans l’acte de construire ensemble. Le rebut industriel et l’accès à des techniques de productions à petites ou grandes échelles sont les terrains de jeux du modèle contributif que la maison d'édition expérimente. Avec ruse et parfois en douce, il est question de jouer entre l’art de la débrouille et les machines bien huilées aux cadences vertigineuses.
Dans Musée Beaux Arts, Pierre Martel colle avec finesse des cartels d’expositions à côté des objets les plus triviaux que renferme le musée dans lequel il les a extorqué. En mettant en récit cette somme de libres associations, il parcourt pêle-mêle les grands thèmes de l’histoire de l’art dans un nœud de langage plaisant à défaire.
Visuel ci-dessus :
Anonyme. Photo diffusée sur les réseaux sociaux représentant des éboueurs de la ville de Bogota abandonnant leur poste de travail pour faire de la balançoire, n.d.